Les écosystèmes méditerranéens subissent une forte pression anthropique, directement avec l’un des plus forts taux de croissance de population en Europe et des activités touristiques importantes, et indirectement par les changements climatiques avec une forte baisse des précipitations et une hausse des températures en été.
Le stress hydrique supplémentaire induit par ces changements climatiques est ainsi à même de modifier le fonctionnement des écosystèmes forestiers mais aussi leur structure et leur composition, et ce, indépendant de l’augmentation des surfaces.
L’augmentation spectaculaire des surfaces forestières en France continentale constitue une donnée fondamentale de ces deux derniers siècles. La surface forestière a doublé depuis 1820, atteignant aujourd’hui 16 millions d’ha, soit 28% du territoire. Elle continue toujours d’augmenter et on comptabilise aujourd’hui 100 000 ha de forêt en plus par an. La cause principale en est la déprise agricole et pastorale qui induit une recolonisation naturelle par les arbres de vastes superficies de territoire, notamment dans les zones de montagne. La forêt méditerranéenne (qui abrite 9% de l’ensemble des forêts françaises) n’échappe pas à la règle, augmentant même plus que la moyenne, avec chaque année plus de 15 000 ha de forêt en plus ! L’acteur principal, notamment en Provence, en est le Pin d’Alep, essence pionnière par excellence. à laquelle les chênes verts et pubescents doivent ultérieurement succéder.
Ce phénomène majeur, hormis l’aspect économique, paysager, socio-culturel ou encore concernant la biodiversité, va avoir des conséquences sur le cycle du carbone et plus généralement sur la composition de l’atmosphère. La forêt méditerranéenne se comporte-elle comme une source de carbone ou plutôt comme un puits ? La piégeage de carbone atmosphérique résultant de l’augmentation des surfaces forestières est-il à même de limiter l’augmentation de ce CO2 atmosphérique résultant des émissions anthropiques. Enfin, les émissions de Composés Organiques Volatils (COV) par les arbres ont-ils une influence sur la chimie de l’atmosphère ?
D’autre part cette forêt s’étend au détriment à la fois de cultures mais aussi de formations pluriséculaires, elles-même issues d’une dégradation de formations forestières, à savoir la garrigue ou le maquis.
Comment la garrigue va-t-elle évoluer avec le changement climatique ? Comment se fait la recolonisation forestière évoquée plus haut ? Comment le fonctionnement de cet écosystème particulier est-il connecté à la biodiversité qu’il abrite ?